Le Fou guettait, observait mais rien ne lui permettait d'intervenir. Le fil n'était pas prêt, mais il y avait eu première approche. Et déjà les fils se recroiseraient. Le Fou avait fait attention que cet imbécile de fil ne se fasse pas couper dans la fougue de sa passion et il avait été très moqueur de voir celui-ci faire ce que peu de temps avant il disait ne vouloir jamais faire à sa belle. Ces Tremeres, c'est comme si le mensonge coulait dans leur sang et passait au-dessus de l'amour. Il y avait eu ce sursaut pour sauver sa peau mais qui rendait difficile l'entremêlement. Le Fou était prêt à l'aider mais la damoiselle avait réagi sans qu'il y ait besoin.

Il n'était pas encore trop tard et voilà que l'amoureux transi repartait la queue entre les pattes du domaine de sa bien-aimée. Au moins, il n'était pas mort. Que faisait la femme aux plantes ? Allait-elle bien ? Souhaitait-elle tuer dans le dos son ennemi intime ? Voulait-elle prévenir toute sa suite ? Le Fou ne lui en laisserait pas l'occasion. Déjà le petit criait sa peur dans tout Paris. Il fallait le retrouver. Et ce troisième œil était le compagnon idéal. Les fils ne mentaient pas, eux.

Il s'approcha de la porte, l'ouvrit et jeta à terre, aux pieds de la femme, une épée lourde qui fit un bruit métallique en heurtant le sol. Le Fou faisait le pitre tout en faisant semblant de pleurer à chaudes larmes.

"Hahaha ! Bonsoir à vous, damoiselle hypocrite ! Je me présente, Le Fou, pour ne pas vous servir ! Je suis ici pour changer votre non-vie ! Et voici une épée ! J'espère que le Ventrue à qui je l'ai volé finira par comprendre qu'il ne doit pas faire partir en guerre contre l'Angleterre notre cher Roi, enfin, pas tout de suite. Mais c'est déjà la 8ème épée que je vole, alors j'espère qu'il finira par comprendre vite. Toujours est-il que je vous l'ai rapporté, dame, car vous pourriez de suite tuer cet impertinent qui ne vit que pour vous au point de défier son clan. Cet épée sera moins pratique à manier, mais vous serez sûr de le tuer."

Le Fou sautilla sur place joyeusement puis se mit à tout observer dans la maisonnée simple de la vilaine au cœur faussement pur. Il s'attarda ensuite sur elle et fit le tour en l'observant, en la touchant. Il lui tapota l'épaule et reparti loin d'elle, aussi loin qu'il le pouvait, parlant d'une voix douce et apaisante jusqu'à la fin de son discours.

"Là, là ! C'est plutôt pas mal même si vous cherchez à compliquer inutilement votre destin inexorable. Destiny ne vous lâchera pas tout comme Desire. Oui, oui, je parle toute la langue du monde. Mais que vous importe ? Cessez de me parler sur ce ton ! Suffit ! Suffit ! Bien, bien, je vois que vous voulez la vengeance, la peine, la mort ! Je vais vous aider à obtenir tout cela ! Ne me remerciez point, c'est tout naturel, jeune gueuse puritaine ! Les Tremeres vous obsèdent ? Cela tombe bien, vous les obsédez également ! Que de charmes sauvages et excitants ! Que d'interdits ils veulent tous braver pour vous. Vous faîtes tourner toutes les têtes, même celle des prêtres ! Et pourtant, vous n'avez pas celui que vous voulez ! Qu'importe ! Je vous ferai aimer ce que vous ne devez, ce que vous ne pouvez aimer ! Vous m'en direz des nouvelles de l'au-delà, par delà le Voile."

Son comportement était agité jusqu'à présent bien que sa voix était douce et calme. Mais après un long silence, il s'approcha d'elle et lui chuchota, comme pour ne pas que les ombres l'entendent :

"Venez, allons vous divertir. Un Tremere mérite d'être tué dehors. Les fils disent que c'est important. Suivez-moi ! Vous saurez des secrets que beaucoup voudraient récupérer. Vous pourrez essayer de le tuer, ce maudit ! Il veut faire couler le sang d'un innocent ce soir ! Vite ! Vite ! Pas une minute à perdre, car nous ne pourrons la retrouver. Voulez-vous m'aider ? Pour tuer un Tremere, pour empêcher ses plans diaboliques de meurtre ! Après tout ce qu'ils vous ont fait, vous ne pouvez refuser, n'est ce pas, noble dame, de faire couler le sang de ces impies, qui viennent jusqu'à troubler votre paix ?"

Le Fou avait ouvert la porte et présenter la nuit obscure encore bien noir qui se trouvait dehors.