En 1220, les premiers signes du déclin de l’obscurantisme fleurissent. La méthode scientifique apparait timidement et par le biais des écrits maures, on redécouvre progressivement la connaissance et l’art antique. Malgré les signes annonciateurs d’une renaissance, les temps demeurent obscurs et le pouvoir des seigneurs et de l’Eglise continue à exercer son implacable domination sur la terre et les consciences. Le temps des conquêtes et de la vassalité n’est pas finit. C’est une société figée en trois ordres, une société de privilèges, une société obscure, glacée par l’immobilisme de la religion et des coutumes.

En France le pouvoir royal affaiblit par le pouvoir féodal tente de conquérir sa place légitime. On affranchit alors les villes du pouvoir seigneurial, on privilégie le commerce des marchés et la justice royale. On assiste aux premières expansions urbaines et le développement des foires, véritables carrefours du commerce. Le but est alors de déposséder le baron, le comte, le duc de son pouvoir réel. Le seigneur doit être un maître de guerre et vassal avant tout du roi, et ce dernier doit retrouver l'autorité qui sied à son rang.

En France depuis l’âge de quinze ans, le roi Philippe II de France règne et dispose de la couronne. En 1220 au crépuscule de son règne le roi de France a su apporter à sa lignée capétienne un regain de noblesse. En 1182 le jeune roi est confronté à un premier problème. Constatant amèrement la faiblesse du pouvoir royal, Philippe II relève le défi des caisses vides du trésor. À cela le roi répond par des édits d’expulsion des juifs du territoire et de confiscation de leurs biens, invoquant des troubles d’ordres divers, maigres justificatifs toutefois. Luttant tout au long de son règne pour s’assurer le contrôle de ses vassaux, Philippe II a aussi beaucoup œuvré dans la succession de ses rivaux. Le cas du duché de Bretagne sera alors un sujet très sensible car liée à la dynastie des Plantagenets d’Angleterre. Philippe II n’aura de cesse de fragiliser les positions britanniques en essayant de semer la zizanie entre Jean sans Terre et Richard cœur de lion, frères ennemis pour le trône anglais. Ses tentatives seront écourtées par la prise de Jérusalem en 1187 par Saladin, un chef maure capable de faire trembler les croisés. En réponse, la papauté lève alors la troisième croisade auquel participeront le Saint empire germanique et les royaumes de France et d’Angleterre.

Alors que le siège de Saint Jean d’Acre bat son plein en 1191, Philippe II rentre en France à cause des problèmes de succession pour le Comté de Flandre dont il doit s’assurer de l’obédience. Finalement celui-ci sera ravi d’apprendre la capture par l’empereur germanique du problématique Richard Cœur de lion à son retour de croisade. Prodiguant son soutient à Jean Sans Terre, rival de Richard, le roi de France demande en échange une belle somme et les possessions normandes. Cependant Richard est libéré en 1194 et débute ses représailles. Niant les concessions de son frère, Richard tente de reprendre par la force les territoires cédés. Malgré quelques victoires et avancées, Richard meurt blessé par un carreau d’arbalète en 1199.

A sa succession, Philippe II profite encore des rivalités et s’oppose cette fois-ci à Jean Sans Terre, au profit du fils de Richard I. Cette position conduira à l’assassinat du fils de Richard et à l’alliance de l’empereur Otton IV du Saint empire et de Jean Sans Terre roi d’Angleterre contre l’armée de Philippe II. Avec la consolidation de ses vassaux, Philippe II arrive en 1214 à Bouvines à vaincre ses adversaires et consolider davantage son pouvoir et la possession de nouvelles terres. Par cette victoire le roi de France renforce son pouvoir réel et sa domination sur ses vassaux.

En Angleterre, désavoué par les barons, le règne de Jean d’Angleterre vacille. Profitant de cet état de faiblesse, Philippe II envoie alors son propre fils, le prince Louis vaincre et prendre la place du roi anglais. Invoquant pour ce faire, la trahison faite à Richard et le meurtre de son fils, Louis s’installe alors à Londres en battant les armées de Jean d’Angleterre qui meurt en 1216. Mais en Angleterre Louis s’attire vite les foudres des anglais et sans allié, il envisage rapidement un retour en France. Demandant assistance à son père, ce dernier refuse et l’exhorte à revenir. Le royaume de France lui est désormais totalement acquis et il sait que s’attarder trop en Angleterre serait désastreux.

En France toujours en quête d’une fortification à tout prix du pouvoir royal et afin d’éviter le danger d’un morcellement des vassalités, Philippe II engage la fonte d’une véritable justice et administration royale à travers le royaume. On voit alors naître le prévôt et le bailli, véritables agents du roi. Ils aident à la lever l’impôt royal et rendent justice au nom du roi. Philippe II mettra aussi l’accent sur l’affranchissement des villes sur le pouvoir seigneurial en substituant ce pouvoir au sien. Enfin Philipe II sera considéré comme le bienfaiteur de Paris dont il investira beaucoup au développement de la ville.