Le Fou était vêtu de son bel habit rouge et or, celui qu'il ne portait que dans certaines occasions. Il avait très mal à la tête ce soir, les fils étaient perturbés dans sa vision et le destin moins visible. Il ne comprenait pas pourquoi cela lui arrivait de plus en plus souvent, sans raison. Depuis qu'il était à Paris, tout était plus embrouillé. La plupart des jours étaient limpides comme de l'eau de roche, comme autrefois. Mais sa tête était souvent chaotique, il s'exprimait de façon étrange et dans un but qu'il ne comprenait pas. Ce soir-là était un de ces soirs.

Il était près du Louvres, cette gigantesque forteresse aux pierres immenses, scellé dans le sol, gardé par ce semblable ancien fléau des villages et villes des côtes, qui était celui qui devait changer les choses. Quelles choses ? Là était la question. Le Fou ne comprenait vraiment pas, c'était comme s'il devait atteindre ce but, mais sans savoir pourquoi. Destiny n'était certes pas loquace, mais pourtant pas trop avare de paroles et de raisons d'habitude. Qu'importe, il devait le faire, c'était une envie impérieuse qui s'était imposé à lui.

Il chercha déjà comment faire et la Providence était avec lui, preuve que Destiny ne l'abandonnait pas dans sa tâche. Là, dans la rue sombre une vieille femme, assez édentée et aux visages parcheminées par les années marchait paisiblement. Un vrai livre ouvert à qui voulait lire la sagesse d'autrefois. Mais on se contentait de les mépriser, ces vieillards pleins d'expériences. Lui non, car souvent, ils voyaient plus que les autres. Ils étaient souvent moins aveugles en tout cas.

Ce soir, cependant, ce serait cette pauvre vieille qui ferait les frais de la Destinée. Elle marchait non loin d'un riche seigneur qui rejoignait son cheval. Le Fou cachait dans l'ombre ricana de façon féminine. Le noble avec ses riches atours chercha autour de lui qui était à l'origine du ricanement et vit la vieille. Il se tourna vers elle et la regarda de façon suspicieuse mais ne vit rien qui devait l'empêcher de continuer sa route. Mais déjà, le rire brisa de nouveau le silence. Il se retourna, cette fois-ci quelque peu énervé :

"Est-ce vous qui riez ?"

La vieille eut le visage décontenancé devant ce grand monsieur dont la question la laissait surprise.

"P...pas du tout, monseigneur ! Je vous assure !"

Mais c'était déjà trop tard, le Fou avait réussi à profiter de ce court instant de colère pour encourager par ses dons la fureur de l'homme qui commença par gifler la vieille femme en lui hurlant qu'elle n'avait pas à se moquer de lui ainsi, qu'il fallait qu'elle le respecte vu son rang. Il la frappa de plus en plus fort, tandis que la vieille roulait à terre, pleurant et criant que ce n'était pas elle.

Le Fou se précipita vers l'endroit où Frederik qu'il avait longuement observé à son insu les jours précédents, faisait sa garde, à quelques dizaines de mètres de là. C'est d'une voix féminine qu'il arriva, paniqué et hurlant :

"Vite ! Vite ! A l'agression ! Au meurtre ! Qu'on vienne à mon aide !"

Il arriva à quelques mètres du Gangrel et dit d'une voix pleine de panique :

"Pitié, monsieur ! Là-bas ! Une vieille dame se fait agresser par un seigneur ! Vite ! Vite !"

Le Fou espérait que Frederik viendrait...sinon la vieille risquait d'y laisser sa peau. Et il avait un début de mal de tête.