PRECEDENT **********************************************************
La sexte est bien passée lorsque le convoi passe les premières portes conduisant à Paris. La route récemment pavée, œuvre du Roi Philippe Auguste, est admirée par les voyageurs des deux carrosses mais demandent de la concentration pour les cavaliers et les cochers. En effet, il n'est pas rare à Rome de recenser des accidents de chevaux presque chaque semaine.
A cause de la présence des templiers et du blason sur la voiture de la baronne, le peuple s'arrête un instant et observe le passage des invités du Roi. Paysan, citadin, artisan où enfant, nul ne peut ignorer ce qui arrive dans leur ville.
-Est-ce l'archevêque ?
-Pourquoi tant de templiers ?
-Certainement des nobles. Regardez donc la dorure des portes.
-Vous savez qui sont ces gens ?
Bohemond n'en a cure. A l'intérieur, il lit une liste de tous les personnages qu'il devra saluer à son arrivée. Tout archevêque qu'il est, la faute n'est pas admissible. Relevant la tête, il constate que ses subordonnées révisent eux aussi les noms et les formules de politesse.
-Tout doit être parfait ! Songe t-il.*** *** *** ***
-Votre Majesté ! Dit en s'inclinant Bohemond. C'est un honneur de vous rencontrer.-Votre Excellence, je suis malheureusement contrarié car mon père n'est pas encore arrivé de Pacy. J'en suis désolé pour vous. Répond Louis, fils du roi et futur héritier de la couronne.-Ne vous excusez en rien, Majesté. Vous savez les routes et le temps. Nul ne peut être à l'abri d'un imprévu. Dit en souriant l'archevêque.
-Sauf moi, complète mentalement le saint homme.Bohemond remarque que la reine, belle-mère du prince, n'est pas présente. Sans doute, se remettait-elle de son séjour en prison ou plus probablement qu'elle est toujours persona non-grata au palais.
L'homme désapprouve ce que dut subir cette pauvre malheureuse emprisonnée pendant près de vingt ans mais après tout c'était les jeux politiques et les femmes servent souvent de monnaie d'échange.
-Votre excellence. Je tenais à vous présenter l'évêque de paris, Guillaume II de Seignelay.L'évêque en question est un homme âgé, fatigué par le temps mais avec des yeux sournois et vifs. Sa main fripée se tend pour attendre une poignée attendue.
-Monseigneur ! Paris est comblée de votre venue.Les deux ecclésiastiques se serrent la main. L'un comme l'autre sait que le combat vient de commencer. L'un pour conserver son titre et poste, l'autre pour le démettre de ses fonctions au moindre faux pas.
-Mais je constate que votre excellence n'est pas arrivé seul.-Oh mais bien sûr, Majesté. Puis-je vous présenter l'évêque Barthélémy Pommard, homme intègre et fidèle ami. L'inquisiteur Xavier saint John et le frère Simon Vartan.Les trois personnages pré-cités s'inclinent au fur et à mesure face au Prince.
-Et je finis avec les dames. Puisque qu'il faut toujours terminer par l'excellence de la beauté, n'en déplaise à ces messieurs. Déclare Bohemond. Baronne Élisabeth de Brabant.S'avançant dans une magnifique robe verte ornée de perles bleutés, la noble dame s'agenouille.
-Majesté, c'est un honneur de me tenir ainsi devant vous.-Baronne, vous êtes d'une grande beauté. Ma cour -désigne quelques dames autour de lui- est bien face à votre magnificence.-Vous me flattez, Majesté.N'en pensant pas moins, Élisabeth se retire tout en observant de façon narquoise les autres femmes de la cour tandis que Bohemond déclare :
-Sœur Marie Rotaëdor et Hélène Lomelon.-Votre Majesté, disent en chœur ces dernières en s'inclinant.
-Soyez les bienvenues à Paris. Monseigneur De Mozgus, venez avec moi que je vous présente mon épouse qui est actuellement alitée et que je vous fasse visiter.*** *** *** ***
La visite se poursuit jusqu'aux vêpres. Le Roi n'étant pas arrivé, les groupes se séparent. Bohemond et ses compagnons partent avec Guillaume pour rejoindre le Temple où l'attendent la congrégation de l'Eglise.
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Une vingtaine de personnes sont présentes pour assister à l'arrivée de l'archevêque, émissaire du pape, Bohemond De Mozgus. Les complies passées depuis un petit moment, la nuit est claire grâce à l'astre lunaire irradiant de sa lueur pâle. Les bruits de chevaux se font entendre dans le lointain et les ecclésiastiques sont fébriles.
Peu à peu, une image se forme à l'horizon et les pavés du pont raisonnent du passage du convoi.
-Oh ! Oh ! Crie le cocher
Sitôt arrêté, les valets mettent en place le trépied et ouvre la porte. En descend le fameux émissaire papale, celui-ci se décale un peu pour laisser la place à l'évêque qui présente ses personnes.